Le groupe anglais Brakes finalise le rachat de Davigel
C’est officiel, la société Davigel est rachetée par le groupe anglais Brakes. Les salariés n’ont pas de sécurisation de leurs emplois au-delà de 18 mois et restent vigilants, mais refusent de céder au pessimisme.
Mardi, le groupe anglais Brakes a finalisé l’acquisition auprès de Nestlé de la société Davigel. Le rachat de l’entreprise spécialisée dans la vente de produits surgelés et réfrigérés pour la restauration collective en Europe se profilait depuis l’automne 2014. « Cela ouvre des perspectives et des opportunités de développement », se réjouit Antoine de Cernon, directeur général de Davigel.
Le 9 juillet dernier, les organisations syndicales avaient présenté une résolution pour réclamer plus d’engagements de la part de Nestlé dans les conditions du rachat et en particulier sur les garanties sociales. « Mais c’est reconfirmé par la nouvelle direction, il n’y a pas de sécurisation des emplois au-delà de 18 mois », rappelle Mathias Dupuis, secrétaire général de la CGT à Dieppe. Ils ont en revanche obtenu un dédommagement de 1 200 € brut par salarié de la part de Nestlé, pour les efforts consentis pendant la cession. « Il faut être honnête, Nestlé a acheté le calme social », confie Stéphane Baumgarthen, délégué syndical central CGT pour Davigel.
L’acquéreur, Brakes group, est leader de la restauration hors foyer au Royaume-Uni, en Irlande, en France et en Suède. Il a assuré que sa filiale Brake France et Davigel resteraient deux entreprises concurrentes. « On ne demande qu’à y croire, même si je suis toujours partagé sur ce point, je ne sais pas si c’est viable. Mais les premiers signes montrent que nous conservons notre autonomie opérationnelle », indique Stéphane Baumgarthen.
Davigel conserve son autonomie
Les salariés de Davigel sont « soulagés » que la procédure soit terminée. « De toute façon, 18 mois, trois ans, cinq ans... Aujourd’hui, il n’y a plus de garantie de l’emploi. La vision stratégique domine, c’est devenu normal », regrette le militant.
Quid des intentions, les orientations de l’entreprise ? « Tout s’est déroulé de manière confidentielle. Les syndicats seront consultés en avril prochain, on y verra plus clair », espère-t-il.
Pas de pessimisme, donc, chez Davigel, mais les craintes sont tenaces. Le groupe Brakes appartient à un fonds de pension américain, Bain Capital, créé par l’ancien candidat à la présidentielle des États-Unis, Mitt Romney. En 2007, le « rachat-vente » de l’usine de bagagerie Samsonite de Hénin-Beaumont par le fonds Bain Capital avait laissé plus de 200 salariés sur le carreau. « Nous n’avons aucune illusion, ils sont là pour faire du fric, martèle Mathias Dupuis. Mais nous sommes combatifs, nous lutterons s’il le faut, c’est comme ça qu’on gagne des choses ».
« Redonner de la stabilité »
Jacques Déronzier, directeur de Brake France, devient également responsable de Davigel pour le groupe. « Les deux sociétés resteront deux entreprises concurrentes, indique-t-il. Brake France et Davigel ont des compétences et des atouts différents. Les garder concurrentes est le meilleur moyen de faire vivre nos clients. Ce qui veut dire que l’organisation de chaque société reste inchangée. Pour que cela marche, il faut deux forces de vente, deux offres différentes, c’est le choix que nous faisons », rassure le directeur. L’acquisition de Davigel par Brakes a « un intérêt stratégique fort, grâce à l’ancrage local de Davigel en France et à l’ouverture sur de nouveaux marchés où Brakes n’est pas présent », explique Jacques Déronzier. Une manière de conforter sa position d’acteur majeur de la restauration hors foyer en France et de se développer sur de nouveaux marchés : Espagne, Belgique et Luxembourg.
« Davigel est une usine de fabrication moderne, avec un portefeuille de marques et d’innovations, engagée dans la santé et le bien-être et dans une démarche de food service. La société a, à la fois, un ADN produit très prononcé et un service performant derrière », se félicite le nouveau directeur général pour les activités du groupe Brakes en Europe Continentale.
La priorité pour le moment, c’est de permettre à Davigel de lancer « un processus de vente, de redonner confiance à l’entreprise pour qu’elle puisse se redéployer, affirme Jacques Déronzier. Il faut aussi se concentrer sur un nouveau système d’information pour Davigel, car sans Nestlé, elle n’est pas capable de faire ce travail ».
La direction compte permettre une synergie au niveau des usines, « pour redonner de la stabilité à Davigel. L’avantage avec nous, c’est que nous partageons le même cœur de métier que Davigel, les mêmes métiers, les mêmes soucis ».
Source : Paris-Normandie – Madeline Plard – 04/11/2015
En Chiffres :
- 50 : le nombre d’années d’existence de Davigel,
- 700 : en millions d’euros, le chiffre d’affaires de Davigel en 2014,
- 800 : le nombre de salariés sur les trois sites d’Offranville, Dieppe et Tôtes. Davigel a 3 100 employés dans toute la France,
- 1500 : le nombre de produits frais et surgelés à destination des professionnels de la restauration collective que Davigel propose,
- 1989 : année où Nestlé rachète Davigel.