Eurochannel Logistics : Un patron à l'anglaise
Lui et l’Angleterre, ça ne fait qu’un... ou presque. Son esprit d’entrepreneur, il le doit en partie aux Anglais pour lesquels prendre des risques est plus une habitude que pour les Français, à entendre Bruno Béliard, 52 ans. Originaire de Londinières, ce chef d’entreprise, à la tête d’Euro Channel logistics, à Dieppe, a fait ses armes chez nos voisins d’outre-Manche. Et depuis, il ne les a pas quittés... Une partie de ses clients étant des entreprises de toute la Grande-Bretagne.
Sa première expérience en tant que commercial, pendant quatre ans, au Transport de l’Ouest européen (TOE), en Angleterre, a été décisive. Quelques années plus tard, en 1991, on lui confie la direction de l’agence dieppoise. « J’ai bercé dans le transport transmanche, en flux de marchandise avec le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, ndlr). L’entreprise opérait une mutualisation des marchandises pour le Benelux : nous transportions dans un même camion des marchandises de plusieurs clients, ce qui était assez novateur pour l’époque. »
À la fin des années quatre-vingt-dix, il saisit une opportunité. « Des clients français me proposaient de répondre à des prestations en logistique. » Cela consistait donc à, non seulement, gérer des flux de commandes mais aussi à préparer les commandes. « Mais L’entreprise pour laquelle je travaillais ne voulait pas répondre à cette offre. »
« Frustré », Bruno Béliard démissionne en 2000... pour créer Euro Channel Logistics en 2001 et ainsi répondre aux prestations logistiques. Cette entreprise, il a eu du mal à la construire. « Au départ aucune banque ne croyait en mon projet. Quelques chefs d’entreprises locaux m’ont soutenu et une banque a enfin bien voulu me suivre. J’ai créé une ligne de transport. J’ai démarré avec un, deux, trois flux de marchandises. Je me suis mis, peu de temps après, à la logistique » Petit à petit, l’entreprise s’est agrandie. Un, puis deux, puis trois bâtiments sont sortis de terre, de 2006 à 2013, sur la zone Eurochannel. Ses bâtiments étaient auparavant dispatchés à Etran et sur la zone du Talou.
2 000 traversées par an
Ses deux activités prédominantes sont donc la logistique et le transport routier vers l’Angleterre. « Actuellement, nous sommes à dix remorques par jour, aller-retour, par le Transmanche. Ce qui fait 2 000 traversées annuelles de semi-remorque dont 90 % sont effectuées par la ligne Dieppe-Newhaven, le reste se fait par Calais », détaille Bruno Béliard. Le transport représente 60 % de son chiffre d’affaires qui s’élève à 4 millions d’euros. Vingt-cinq personnes s’en occupent, cinq autres salariés se chargent de la logistique. « On gère le stock de plusieurs entreprises, en fonction de leur besoin. » Il est en relation avec des clients qui travaillent dans différents domaines : emballage, bureautique, alimentaire, pièce détachée, verrerie.
Comme pour toute entreprise, l’investissement est important : « Nous renouvelons nos trente-cinq remorques tous les sept ans et les dix-huit cabines tous les cinq ans ». Le plus lourd est l’investissement dans les bâtiments qu’il a fait construire. « Les trois entrepôts m’ont coûté 2,5 M€ en investissement. J’ai un remboursement d’emprunt sur quinze ans. »
L’avenir de la ligne Transmanche Dieppe-Newhaven l’inquiète-t-il ? « Je reste optimiste. Si la ligne venait à disparaître, ça serait compliqué mais je m’adapterai. »
Cofondateur de la grappe d’entreprises Vialog, avec le directeur du site Toshiba sur la zone Euro channel, le chef d’entreprise a un projet en lien avec la logistique urbaine : la conception d’un véhicule électrique.
Source : Paris-Normandie - S. GA. - 20/01/2014